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LE TRAVAIL

Le

Les textes qui vont suivre sont valables pour toutes les voix, y compris la voix de contre ténor que je connais bien. La seule différence, est que le contre ténor devra impérativement travailler  son mécanisme 1 régulièrement, dit, de poitrine et faire un énorme travail sur l'union des registres, pour avoir une parfaite homogénéité sur ses notes de passage en bas. Il y a pléthore d'exercices pour cela. Toutes les recommandations qui suivent sont indicatives. Le professeur adapte son discours à chacun. Seule l'oreille du prof est un guide sûr, et l’élève, quand le professeur dit: "La, c'est bon", devra mémoriser ce qu'il à fait pour le reproduire. De cette manière, tout doucement, le geste deviendra optimum. On sculpte une voix, comme une œuvre d'art, ce qui commence par le dégrossissement, pour finir dans les plus infimes détails.

Je travaille comme cela.

Être élève.

Vouloir se destiner au chant, est un rêve merveilleux, mais également semé d’embuches. Avant d'être élève, il faut choisir son professeur et avoir dans son oreille une référence de chanteurs qui chantent bien. Avoir le plus tôt possible, un sens critique et des références établies.

Quelques pistes: Une erreur est de prendre systématiquement le professeur à coté de chez soi. Il est peut être bon, il peut aussi ne pas correspondre à ce qu'il vous faut. Une piste est d'aller écouter les élèves. S'ils ont tous le même défaut,  à coup sûr, dans quelques temps, ce défaut sera votre. Alors méfiance. Que choisir ? Un conservatoire ? Un cours particulier ? Vous devez savoir qu'en conservatoire, la première année, vous n'aurez que 20 minutes de cours de chant par semaine (source CNR de Bordeaux), ce qui est ridicule, d'un autre coté, vous aurez accès à toutes les matières indispensables à votre formation. Seconde solution, le cours particulier, le prix souvent élevé, 60 à 80 euros en moyenne peut être un rempart à un travail régulier. Choisir donc en premier, le professeur par rapport aux progrès qu'il vous fait faire. Je plains le chanteur qui, sans le sou, veut faire du lyrique son métier, car soit il n'aura que 20 minutes de cours par semaine, soit il sera coincé par l'argent à débourser. C'est Kafkaïen. Vous pouvez parfois, négocier avec votre professeur, un forfait mensuel, ce qui peut être avantageux.

Dietrich Fischer Dieskau disait que lorsque l’on a trouvé un professeur qui nous fait progresser, il faut rester et persévérer. Changer souvent, c’est le meilleur moyen de ne jamais avancer, car on passe son temps à changer la mémoire musculaire, qui finalement ne se fixe jamais. C’est pour cela que l’on peut étudier depuis dix ans, et n’avoir aucune technique vocale de construite. Je vous invite sur le sujet, à prendre connaissance de ce qu’est la mémoire kinesthésique. Il faut 2 mois minimum pour corriger et inscrire un nouveau geste musculaire, à condition que l’on ne réitère plus du tout le mauvais geste.

Sauf exception, la grande facilité demande une grande patience pour être obtenue. En effet, il ne s’agit pas de faire un sib pour un ténor, comme ça, beaucoup de ténors ont des sib. Ce qu’il faut, c’est faire ce Sib dans la totalité de ce que peut faire votre instrument et votre corps. C'est-à-dire, avec un soutien parfait, une libération totale de la gorge, un focus vocal optimum. Et ce sib, croyez moi, quand il sera là, n’aura rien à voir avec le sib que vous aurez fait sans réfléchir, sans construire. Alors, oui, c’est déroutant, car le chant, c’est une construction d’un ensemble musculaire. Pouvez-vous imaginer devenir un athlète, en ne pratiquant la musculation que depuis 3 mois ? C’est exactement la même chose. Donc, même si on est un surdoué vocal, il faut être patient, et ne pas aborder les grandes choses trop tôt. Attendre la maturité, comme le bon vin.

La principale difficulté que j'ai eu à affronter, est la contradiction entre les discours des professeurs. Il était très difficile de s'y retrouver: "....Chante devant, chante derrière, chante sur les lèvres, ouvre ta gorge, ne grossit pas, ne serre pas, chante sur les cordes, respire avec le ventre, soutient de bas en haut, appui de haut en bas.....", bref, une chienne n'y retrouverait pas ses petits. En fait, quand on un un geste en place, on s’aperçoit qu'ils ont tous raison, mais il faudra des années pour se construire une technique, et je ne parle pas de la construction de son répertoire, de ses programmes de concert, d'affronter le trac, la mise en scène, les auditions, les relations avec son agent, les longues périodes d’absence de la maison……Je ne vais vous parler que de la première étape, le façonnage de son instrument.

Lorsque l’on étudie le chant, il faut être constant dans le travail et être dans un état psychique assez neutre. Je veux dire par la qu’il ne faut pas se décourager quand on piétine, et ne pas croire que tout est arrivé quand un son correct est émis. Les progrès dans le chant ne sont pas linéaires et sont un peu similaires à la courbe du cac 40 sur 2021.  Entendre l’évolution sur les enregistrements faits de temps en temps, est une aide précieuse.

Un autre point important, est la traitrise de ce que l’on entend en tant que chanteur car le son que l’on entend n’a rien à voir avec le son que l’auditeur reçoit. J’irai même plus loin, s’entendre beaucoup n’est pas très bon signe.

Lorsque le geste vocal est bon, on ne s’entend que partiellement, et l’on a souvent l’impression que c’est la pièce qui chante. On peut même avoir l'impression que le son que l'on produit est horrible, ce n'est pas grave. Prudence donc sur vos sensations.

Quel est le but de l’apprentissage vocal ? Le maximum de rendement, de beauté dans le maximum de facilité. Tita Ruffo disait : «…Piu e forte, meno mi costa…. » Plus je chante fort, moins cela me coute !

Maintenant, comment travailler. En ce qui concerne l’apprentissage de la technique vocale, ce que je préconise, surtout au début, ce sont des séances courtes mais fréquentes. Si l’on veut en faire son métier, je conseille en plus, l’étude du piano, du solfège, des langues, et par la suite, de l’harmonie. Si en plus, on peu faire du théâtre, c’est parfait.

 Le chanteur doit être un musicien complet, à part entière et on ne peut envisager ce métier sans la passion. Alors, pour être chanteur, que faut-il ? En premier, une tête bien faite, ensuite, du travail, encore du travail, un peu de chance, et, accessoirement, un peu de voix !! J’ai pu constater depuis maintenant près de 35 ans, que les plus belles voix ne sont pas forcément celles qui font les plus belles carrières, et bon nombre d’instruments de toute beauté, n’ont jamais tenues leurs promesses.

 

 

Le souffle

Les anciens disaient : « Chante bien et tu respireras bien » ou encore, Fernando de Lucia, à Georges Thill « Respire comme tu pourras, et basta ». Mario Podesta : l’appogio est une réaction. Pourquoi disaient-ils cela ? Si l’on part du principe que le larynx est un sphincter, le souffle est consommé et transformé en timbre, et il y a donc réduction progressive du volume pulmonaire, par l’action des muscles expiratoires, principalement les abdominaux. Quelque soit notre façon d'expirer, de soutenir, c’est immuable. Tout le problème est la régulation de cet air et c’est ce que l’on apprend à gérer durant des années en tant que chanteur. Trop de pression, le son est dur et fatiguant, pas assez, le chant est impossible. 

Pour commencer chez le débutant, il faut faire ressentir l’ancrage, par une respiration très basse, sans faire intervenir le haut du corps. Ceci à pour avantage de désamorcer les tensions du haut. Ensuite, lorsque cette respiration à été mémorisée par le corps, le vrai travail commence. Ouverture de la poitrine, des côtes, du dos. Travail de libération de la ceinture scapulaire, ce qui à un effet libérateur spectaculaire sur le son. En général, je commence en fait surtout par l'expiration.

Un des moyens pour ressentir l'ouverture du thorax est d'inspirer en levant les bras tendus, au dessus de la tête, mains jointes, et de redescendre les bras en conservant l'ouverture du thorax ressentie. Les épaules doivent rester détendues, indépendantes du thorax, reposant dessus. On a ainsi une idée de ce que peut être l'ouverture de la cage thoracique.

Ce thorax ouvert est flagrant, par exemple, chez Cécilia Bartoli lorsqu’elle vocalise vite.

Le bon geste respiratoire selon moi  est la respiration costo-diaphragmatique, c'est-à-dire, ouverture des côtes, avec soutien parallèle du son avec les muscles abdominaux et lombaires.

Les groupes musculaires costaux externes, muscles inspirateurs, compensent ainsi l’effort des muscles abdominaux, muscles expirateurs. Cet antagonisme est tout l’art du chant. Les muscles intercostaux internes sont aussi des muscles expiratoires, mais les faire intervenir provoquera une bien trop grande pression, de part l'affaissement de la cage thoracique, et la neutralisation du levier de l'ouverture costale.

Lorsque l'on attaque le son, cette attaque doit être d'une précision diabolique et en même temps, d'une grande douceur.

Une image intéressante est d'avoir la sensation à l'attaque du son, que l'on continue d'inspirer, dans une sorte d'ouverture. Le soutient du son se fait ainsi dans la douceur, dans un équilibre entre la retenue des muscles inspiratoires, et l'action des muscles expiratoires. Ainsi, on lutte contre les attaques dures et la surpression, et préserve la voix d'un véritable poison qui est de pousser le son. Ceci n'est bien sûr qu'une image, car c'est physiologiquement impossible. Attaque du son veut dire dépense de souffle, obligatoirement. 

Le temps et le travail parallèle du corps, fait que petit à petit, le processus devient automatique. Au début, il arrive que l'étudiant ne sente rien au niveau de l’action du souffle, la raison est que celui-ci est entravé par nombre de crispations et de positions incorrects, non encore adaptées au chant. La libération du son et des tensions, le travail du corps, fait que la respiration est, avec le temps, petit à petit identifiée de manière de plus en plus précise par le chanteur. Il commence à pouvoir soigner davantage les attaques du son, soigner le legato…. et il commence à comprendre qu’en fait, il faut très peu d’air pour chanter. Très peu d’air, et surtout, une fluidité absolue de cet air, qui doit porter le son dans un légato absolu. Ecoutez Laslo Polgar dans « Ella Giamai mamo », extrait du Don Carlos de Verdi, et vous comprendrez ce qu’est la fluidité de l’air. Le chant développe ainsi le chant !!

On pourrait parler des heures sur le sujet, car un point important également, est la colonne vertébrale, qui peut, en cas de défaut d’axe, complètement entraver le geste respiratoire.  Les défauts de pieds jouent aussi sur la colonne et le podologue est une aide précieuse. Je vous invite à lire les excellents ouvrages de Blandine Calais Germain à ce sujet, qui sont de véritables bibles sur le sujet. Une autre pratique, assez récente, est l'osthéovox, l'osthéopathie au service de la spécificité du chanteur. Elle traite les maux du cou, de la mâchoire, et tout ce qui concerne le chanteur dans ce domaine.

 

 

L’ouverture de la gorge

L'OUVERTURE DE LA GORGE DOIT SE FAIRE EN

SYNERGIE AVEC L'INSPIRATION  COMME LORSQUE L'ON COMMENCE A BAILLER!!!!

L’ouverture de la gorge  est capitale et doit se faire à l'inspiration, dans un épanouissement léger et agréable de l'espace situé à l'arrière de la langue, une sensation non seulement de plénitude, mais également dans une sensation d'ouverture du corps. Sans elle, pas de chant lyrique. Cette négligence entraine des défauts d’appuis du souffle, des serrages, des moyens vocaux amoindris, des jours de méforme vocale fréquentes, des forçages. 

Naturellement, en tant que débutant, lorsque l'on monte dans l'aigu, la gorge se ferme, le larynx remonte, hors, c'est tout le contraire qui doit se produire.  Lorsque l'on monte dans l'aigu, le larynx doit avoir un mouvement descendant, en prenant garde à la langue qui ne doit pas s'enfoncer, se crisper. L'image récurrente des professeurs de chant: "Lorsque tu montes, penses que tu descends", exprime exactement cela.

Aujourd’hui, on parle d’impédance ramenée pour expliquer ce phénomène, ou également, de couverture du son. Le mot "couverture" peut induire en erreur, car on peut "boucher", alors que les choses doivent se faire de façon homogène, sans élargir ni grossir le son. Écoutez Léo Slezak, ou plus vers nous, Juan Diego Florez, l'homogénéité des voix est sublime. Les sentiments de tristesse, de peur, sont à même d'amener le chanteur au résultat, engendré par la bascule progressive du cartilage Thyroïde et la tension plus grande des cordes vocales qui se mettent à vibrer de plus en plus vite. La gorge doit rester ouverte du grave à l’aigu afin que la pression sous glottique, amenée par la pression du souffle, soit équilibrée par une pression sus glottique, crée par l’ouverture de la gorge et la descente du larynx (attention à ne pas pousser !!). Le larynx n’est donc jamais en saturation et les pressions sont équilibrées. L’élève qui trouve cela, les premières fois, ressent enfin l’action du souffle et quelque chose qui se libère dans sa gorge, car le mécanisme correct libère les tensions, libère la voix !! Ecoutez Helge Roswaenge et tout s’éclairera pour vous. Chez lui, l’ouverture de la gorge est vraiment flagrante.

Parlons une minute d’un point important. L’ouverture de la gorge peut amener à vouloir élargir les voyelles. Grave erreur, c’est le grossissement assuré, et la mort de la projection du son. Ma formule favorite est de chanter avec l’espace, et non pas DANS l’espace !!

Les voyelles doivent toujours rester calibrées, et ce calibrage une conditions sine qua non du rendement vocal optimum et de l'obtention de la bascule de la voix en tête.

 

 

Le Masque

Lorsque l'agencement intérieur est bon, une vibration osseuse de la face se produit. Le masque est donc un résultat. La voix semble sortir d'un disque qui va de la base du nez au front. L'image de l'inspiration, comme si on respirait un fleur est bonne. Un bon exercice, pour ressentir le point de résonance, est celui du Huming. Il consiste à émettre le son avec le dos de la langue collé au palais souple. Cet exercice à le double avantage de positionner correctement la langue, et de fixer la résonance.

Mais attention, si on pousse la voix devant, tôt ou tard, on ferme la gorge. Beaucoup croient chanter dans le masque en nasillant. Du coup, ils s’entendent énormément, car le voile du palais étant effondré, les trompes d’Eustache prennent de plein fouet les ondes sonores. Le nasillement leur fait entendre beaucoup leur timbre, du coup, ils poussent de plus en plus pour l’entendre de plus en plus. Le son dedans leur semble énorme, alors qu'il n'a aucune portée. 

On peut percevoir une répercussion nasale très haute, derrière les yeux, certes, mais on ne doit pas chanter dans le nez. Le nasillement, c’est le cercle infernal du forçage et la dureté assurée, une voie de perdition dont certains mettent des années à se sortir. Un indice, si en chantant, vous vous pincez le nez sans modifier le son, c'est bon !

Les pommettes sont un outil intéressant pour aider à enrichir la sonorité de vibrations hautes de tête, aussi, est-il important de les sentir relevées. Beaucoup de chanteurs relèvent les pommettes, surtout dans l'aigu. Il ne s’agit pas de tirer les commissures, dans une crispation néfaste qui à terme tétaniserait la mâchoire, mais de marquer le léger rictus du masque antique. L’épanouissement du fond de la gorge, ou, l’image du sourire intérieur, laisse de lui-même l’empreinte du sourire extérieur dont je parle, et ceci sans crispation de la mâchoire et du cou. Elisabeth Schwarzkopf, en master class, parlait souvent des pommettes, et elle-même, avait, lorsqu’elle chantait, un visage souriant et relevé. Vous verrez cela dans les vidéos de master class, dans le menu du site.

Aborder une partition

 

Comment aborder une œuvre ?

En premier, décortiquer solfègiquement. Rigueur absolue au rythme, à l’intonation, au texte que l’on travaille séparément. Harmonie et structure musicale pour les plus avancés. Marquage des temps au crayon pour les débutants. C’est ce que l’on appelle le travail de table.

Faire l’effort, de ne pas apprendre en écoutant le morceau sur YouTube ! Sauf dans l’urgence.

Le déchiffrage, certes plus fastidieux, vous apprendra bien plus pour l’avenir.

La plus grande erreur est je crois, d’avoir la volonté d’interpréter une partition que l’on ne domine pas. Il faut la plus grande loyauté à ce qui est écrit. Respecter les nuances, les accents toniques, les temps forts, le phrasé. Ne pas accentuer les fins de phrase.

Travailler, en enlevant les consonnes, pour établir progressivement une fusion absolue des voyelles. Ajouter progressivement les consonnes, sans couper le legato. Lorsqu’il y a des vocalises, il faut les isoler, et faire varier les rythmes. La rapidité viendra d’elle-même au bout de quelques temps. Ce travail préparatoire, qui est capital, doit être fait dans la plus grande neutralité, sans chercher dans un premier temps à y mettre une quelconque pâte personnelle et surtout, aucune émotion.  Au bout de quelques temps, cette fidélité à la partition et cette rigueur va payer, et la part de ce que vous êtes au fond de vous-même, va surgir. L’interprétation naitra de ce travail, et cette interprétation sera l’opposée d’une caricature que vous auriez créé en écoutant le morceau en boucle sur Youtube. Quand le morceau est su, le travail avec le chef de chant peut commencer, et je vous promets qu’il vous sera gré de ce travail préparatoire sérieux que vous aurez fait.

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